Ressusciter la figure de l'esclave dans les luttes syndicales et indépendantistes. Aux origines supposées de la migration haïtienne en Guadeloupe (années 1970) Auteur(s) : Béchacq, Dimitri Année de publication : Loading the player... Éditeur(s) : Laboratoire caribéen de sciences sociales Extrait de : Décoloniser les mémoires de l'esclavage : colloque international, du 8 au 10 juin 2022. Université des Antilles Siècle(s) traité(s) : 20 Droits : CC-BY-NC-ND - Attribution - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification Provenance : Université des Antilles Permalien : http://www.manioc.org/fichiers/BUAVI230010 BUAVI230010 | Partager |
Aux origines du mouvement syndical guadeloupéen (1889-1912) Auteur(s) : Sainton, Jean-Pierre Auteurs secondaires : Archéologie Industrielle, Histoire, Patrimoine- Géographie, Développement, Environnement de la Caraïbe [EA 929] (AIHP-GEODE) ; Université des Antilles et de la Guyane (UAG) Éditeur(s) : HAL CCSD Résumé : Nous publions ici le texte d'une communication faite par Jean-Pierre Sainton, historien, le 16 janvier 1993, dans le cadre d'un séminaire organisé par l'UGTG (Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe) sur le thème « Histoire du mouvement ouvrier et du syndicalisme en Guadeloupe ». Le mouvement syndical en Guadeloupe n'apparaît qu'à la fin du 19ème siècle dans le cadre d'une société libérée des rapports sociaux esclavagistes qui avaient caractérisé la formation sociale guadeloupéenne deux siècles durant. Pourtant ce mouvement syndical va très rapidement, en l'espace d'une dizaine d'années, couvrir le pays noir, ouvrier et prolétarien, (pour reprendre l'expression de Légitimus) d'organisations collectives du monde du travail, un développement somme toute en phase avec le mouvement mondial de structuration d'organisations ouvrières, qui en Europe, en Amérique et dans le reste du monde verront l'éclosion du syndicalisme ouvrier. De ce point de vue le mouvement syndical de Guadeloupe était loin d'être en retard. Il sera même pour une colonie essentiellement agricole, particulièrement précoce et dynamique si l'on le compare à nombre de pays apparemment plus évolués, où les rapports capitalistes et les luttes ouvrières s'inscrivaient depuis un certain temps déjà dans la réalité sociale. Là, n'est pas le seul caractère original du mouvement syndical de la Guadeloupe. Cette précocité et ce dynamisme s'expliquent pour une grande part par la forte volonté associative des descendants d'esclaves, à une génération près, qui dans le cadre de la société post-esclavagiste chercheront et trouveront des formes spécifiques d'organisation pour, à la fois, mieux résister à la misère et par-achever le mouvement d'émancipation entamé en 1848 par l'abolition de l'esclavage. 141 Aux sources du mouvement syndical Trois facteurs nous semblent conditionner et expliquer [apparition et les caractères propres du mouvement syndical en Guadeloupe ; C ' est d ' une part l'impératif besoin d ' organisation de la niasse (les travailleurs, plus exactement des « petits » dans le cadre d'une société achevant sa mutation économique et sociale. C'est aussi la vivacité et la persistance des traditions des confréries nègres, héritées de la période esclavagiste comme source d'inspiration culturelle et seule expérience concrète de formes tolérées de regroupement collectif. C'est enfin, de façon plus précise, la loi de 1884 rendant possible et légale l'apparition des syndicats et l'influence concomitante du mouvement associatif venu d'Europe. Considérons de façon plus détaillée, ces trois facteurs. Les années 1860 vont marquer le tournant technologique de l'économie sucrière ; l'échec des tentatives de modernisation de l'habitation-sucrerie a favorisé l'accélération du mouvement de centralisation de la production sucrière et la constitution d'usines centrales. Ce mouvement de concentration est favorisé par la baisse des prix du sucre à partir de 1873, conséquence de la surproduction sur le marché en Europe et sur le marché français. Malgré l'ouverture du marché américain aux sucres bruts guadeloupéens qui prolonge de quelques années la survie du système de l'habitation, ce système traditionnel asphyxié financièrement, incapable de se moderniser et d'être concurrentiel en maintenant ses cadres traditionnels, ne survit pas à la grande crise sucrière de surproduction qui commence en 1884. Dès 1895, on note que le sucre brut d'habitation n'est plus côté sur la place de Pointe à Pitre. Le sucre brut d'habitation traditionnelle ne sera plus guère produit qu'à Marie-Galante. En Guadeloupe et en Grande-Terre, les dernières habitations-sucreries qui avaient résisté au premier mouvement de concentration foncière de la période post-esclavagiste finissent par être absorbées à leur tour ou se transforment en distilleries. La mort de l'habitation-sucrerie, coeur, symbole et raison d'être du système signifiait par là-même, dès cette époque, la mort du système colonial d'exploitation tel qu'il avait fonctionné deux siècles durant. Dès cette époque également, on peut noter que le colonialisme français, occupé à la conquête coloniale et à la mise en valeur de vastes espaces qu'il s'octroie en Afrique en Asie, ne semble plus être en mesure de proposer une politique coloniale de substitution suivie et cohérente pour une colonie par ailleurs largement intégrée à son propre système politique. Le nouveau paysage économique de la fin du 19"' e siècle se st r ucture donc en quatre espaces différenciés ; 142 L Etudes guadeloupéennes Droits : info:eu-repo/semantics/OpenAccess hal-01613970 https://hal.univ-antilles.fr/hal-01613970 https://hal.univ-antilles.fr/hal-01613970/document https://hal.univ-antilles.fr/hal-01613970/file/Aux%20origines%20du%20mouvement%20syndical%20guadeloup%C3%A9en%20%281889-1912%29.pdf | Partager |
LKP : Jamais vu, déjà vu ou reja vu ? Hétérotopologie d’une utopie régressive à caractère historique Auteur(s) : Lasserre, Dimitri A. Éditeur(s) : Université des Antilles Études caribéennes Résumé : Au début de l’année 2009, la Guadeloupe a connu un mouvement social et politique d’ampleur : quarante-quatre jours de grève générale. Le but de cette recherche est de parvenir à classer cet événement récent en recourant à une méthode hétérotopologique, tout en reconnaissant sa qualité de mouvement contestataire dans la théorie des nouveaux mouvements sociaux. En saisissant l’épistémè du Lyinnaj Kont Pwofitasyon, il deviendra possible de mieux comprendre, outre les propos journalistiques, son sens et son essence. Mouvement de masses, syndicalisme révolutionnaire et appel à l’unité nationale, tels sont les outils dont use le collectif en vue de la lutte contre les « pwofitans » ; outils qui, contrairement à ce que l’on entend çà et là dans les médias et autres travaux de recherche, ne relève guère du jamais vu, mais bien du déjà vu et, sans doute, du reja vu. Il est donc question de relativiser ici l’impact idéologique du LKP, en saisissant la spécificité de son utopie régressive à contenu historique, tout en le resituant à la même hauteur que les autres mouvements du même type, dans de nombreux pays, que l’histoire a vu se développer au cours des xixe et xxe siècles. At the beginning of 2009, a large social movement hit the island of Guadeloupe: a forty-four-day general strike. The point of this study is to historically position this recent event. It is suggested that identifying the episteme from which the LKP operates helps make sense of this social movement. Mass movements, nationalism, propaganda are the tools the group uses to fight the “pwofitans” – the capitalists. And these tools cannot be considered as jamais vu but indeed as déjà vu and, probably, reja vu. I propose here to reinsert the ideological impact of LKP in its own context and history and to compare it to many similar movements in the 19th and 20th centuries. Guadeloupe Droits : info:eu-repo/semantics/openAccess urn:doi:10.4000/etudescaribeennes.7238 http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/7238 | Partager |