Annales de révision pour les candidats au Sénat
« Amédée Knight est-il bien français ? », c’est cette question que pose le député Osman Duquesnay au Sénat lors des élections sénatoriales de 1899. En effet, le futur sénateur Knight est le petit-fils d’une affranchie venue d’une île anglaise pour s’installer à Saint-Pierre, et le père du futur sénateur dut passer par une procédure judiciaire pour se faire reconnaître comme français. L’absence d’acte de naissance poussa l’adversaire d’Amédée Knight à lui contester la citoyenneté française et l’empêcher ainsi de candidater aux élections sénatoriales.
En Guadeloupe, ce sont les élections de 1912 qui donnèrent lieu à de nombreuses réclamations, notamment de la part des partisans de Joseph Vitalien, ancien précepteur du futur empereur Haïlé Sélassié, qui fut victime des manœuvres de Gratien Candace au profit de son ami Henri Bérenger.
Les dossiers complets de ces élections sénatoriales controversées, et plus largement de toutes les élections sénatoriales de 1876 à 1929 sont disponibles en ligne sur le site des archives du Sénat, aussi bien pour la Martinique que pour la Guadeloupe, y compris les élections de cette curiosité parlementaire que furent les Sénateurs inamovibles, parmi eux, Victor Schœlcher élu en décembre 1875.
Les dossiers des élections de Martinique : https://archives.senat.fr/consulter-en-ligne/archives-numerisees/les-acteurs-senateurs-et-pairs-de-france/dossiers-delections/martinique.html
Les dossiers des élections de Guadeloupe : https://archives.senat.fr/consulter-en-ligne/archives-numerisees/les-acteurs-senateurs-et-pairs-de-france/dossiers-delections/guadeloupe.html
Comme nous le voyons avec ces deux exemples, le site du Sénat donne accès, avec la mise en ligne de ces dossiers, à une source tout à fait intéressante pour les historiens de la vie politique aux Antilles ou simplement pour ceux qui voudraient connaître la politique non pas dans le ciel éthéré du débat d’idées, mais plutôt dans ses chausse-trapes et coups bas, qui font le sel de la démocratie.
Les dossiers concernant les élections sénatoriales de Guyane ne sont pas encore numérisés, car ce n’est qu’à partir de la loi du 19 mars 1946 que cette dernière peut enfin élire des représentants au Conseil de la République, nom de la chambre haute du Parlement pendant toute la Quatrième République.