billets

Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794 : première abolition dans les colonies françaises

Carolyn Pancaldi
4 février 2016
En ce 4 février, Manioc vous propose un focus sur le Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794. Ce décret déclarant l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies françaises sans indemnisation des propriétaires a été voté par la Convention du 16 pluviôse an II :   « La Convention nationale déclare aboli l'esclavage des nègres dans toutes les colonies; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution. »
Décret d’abolition de l’esclavage
Décret d’abolition de l’esclavage 16 pluviôse an II 4 février 1794 Source : L'histoire par l'image

Dans de nombreux territoires, l'abolition de l'esclavage ne sera pas appliquée, ou de façon partielle. 

En Martinique par exemple, l'île subit depuis 1793 des attaques des Anglais. Rochambeau capitule le 25 mars 1794. De 1794 à 1802, l'île reste sous l'occupation anglaise et de ce fait, le décret d'abolition de l'esclavage n'est pas appliqué. 

En Guadeloupe, l’envoi du décret d’abolition permet en 1794 d’organiser la contre-offensive libératrice de l’île, occupée à l’époque par les Anglais. Victor Hugues, commissaire de la Convention, met en place une réglementation rigide sur le travail des nègres et le vagabondage qui limite les droits civils des nouveaux libres découlant du décret. Il voulait éviter que la situation de la Guadeloupe ne se rapproche de celle de Saint-Domingue, avec l'éventuelle montée d'un pouvoir noir ou mulâtre. Il appliquera également une politique révolutionnaire : lutte contre les Anglais, des tentatives de reconquêtes d'autres îles ainsi que la terreur à l'égard des alliés locaux des Anglais. 

En Guyane, l'abolition de l'esclavage a été proclamée par le commissaire de la Convention, Jeannet-Oudin. Craignant la désertion des habitations, dont le maintien est considéré comme indispensable à la prospérité de la colonie, les autorités et l'assemblée coloniale prennent des mesures pour restreindre la liberté (voir arrêté de l'assemblée coloniale du 16 février 1796).En 1800, Victor Hugues arrive en Guyane. Bonaparte lui confie l'administration de la colonie. Conformément aux instructions, il rétablit l'esclavage et s'efforce de reconstituer l'économie de plantation.

Napoléon rétablira la traite et l'esclavage officiellement par décret en 1802. Haïti (Saint-Domingue), "première République noire" née de la Révolution anti-esclavagiste, sera la première république à abolir l'esclavage après avoir vaincu les troupes de Napoléon. 

Il faudra attendre 1848 pour que l'esclavage soit définitivement aboli dans les colonies françaises.

 Retrouvez sur Manioc, nos documents sur l'abolition de 1794 :

Vidéos : 

 

Sur le catalogue collectif des périodiques Caraïbe - Amazonie :

  • Anne Pérotin-Dumont, Témoignages sur la Guadeloupe en 1794 à la mémoire d'Alejo Carpentier, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 47, 01-01-1981, p. 3-33.
  • Léon Rameau Danquin, Chronologie indicative des événements de la période 1794-1802 , Études guadeloupéennes (Abymes), n° 8, 01-08-2003, p. 19-32.
  • Jean Barreau, La perte et la reconquête de la Guadeloupe en 1794, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 28, 01-04-1976, p. 13-48.
  • Kévin Porcher, Prendre et défendre le fort Fleur d'Epée pendant la bataille de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en 1794, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 169, 01-09-2014, p. 91-109.
  • Maurice Ezran, Contribution de l'abbé Grégoire à la lutte contre l'esclavage, Portulan : littératures, sociétés, cultures des Caraïbes et des Amériques noires, n° 2, 01-04-1998, p. 57-70.
  • Yves Bénot, Documents concernant Victor Hugues en 1795, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 130, 01-10-2001, p. 47-62.

 

Ouvrages numérisés :

 

Bonne lecture !

Laisser un commentaire

champs obligatoires *