Focus : Frantz Fanon
Né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France, il grandit avec 5 frères et sœurs (deux autres sont morts très jeunes). Inscrit au Lycée Schœlcher, il suit les cours d’un certain Aimé Césaire. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il est choqué des abus commis sur le peuple martiniquais par la marine française collaborant avec le régime de Vichy et rejoint à 17 ans les Forces Françaises Libres en Dominique. Combattant en Algérie, puis à Colmar où il sera blessé, il reçoit la Croix de Guerre en 1944. Son régiment est alors dépeuplé des « non blancs » face aux journalistes chargés de relater la libération. De retour en Martinique en 1945, il finit son Baccalauréat et traverse de nouveau l’Atlantique. Après des études de médecine et de psychiatrie à Lyon, interne à Saint-Alban-sur-Limagnole, puis à Pontorson, il est nommé en 1953 Médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida en Algérie.
C’est lors de ses études en France où il s’intéresse aussi à la philosophie et la littérature, qu’il écrit Peaux noires, masques blancs, inspiré par le racisme « anti-noir » qu’il a subi pendant la guerre et les constats faits lors de son retour aux Antilles. Publié en 1952, préfacé par Francis Jeanson, philosophe et rédacteur en Chef aux éditions du Seuil, l’ouvrage humaniste et critique de la colonisation et de la conduite humaine affiche l’opposition de Fanon au racisme et au colonialisme : « Dois-je me confiner dans la justification d’un angle racial ? » s’y demande t-il. Dans Les Damnés de la Terre, œuvre tiers-mondiste de référence publiée en 1961, il affirme encore plus ses positions sur la violence du colonisé, légitime et nécessaire, contre celle exercée par la situation coloniale : « La colonisation ou la décolonisation c’est simplement un rapport de force. L’exploité s’aperçoit que sa libération suppose tous les moyens et d’abord la force ». Les controverses dont ses conceptions font l’objet n’éclipsent en rien la portée de l’ouvrage.
Mais Frantz Fanon est aussi un homme d’action. En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale en Algérie, il choisit le camp des colonisés. Il remet alors sa démission de son poste à l'hôpital en 1957 et rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie où il a d’importantes responsabilités. Membre de la rédaction de son organe central, El Moudjahid, il est chargé de mission auprès de plusieurs Etats d'Afrique noire puis ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) au Ghana. Il échappe à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Jusqu'à sa mort en 1961, Franz Fanon s'est donné sans limites à la cause des peuples opprimés : « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte ».
Emporté par la leucémie après avoir été traité en URSS et aux USA, il est inhumé au cimetière des martyrs d'Ain Kerma. Son œuvre a encore aujourd'hui une portée mondiale auprès de ceux qui luttent contre les racialisations et les aliénations.
Bibliographie
Ouvrages de Frantz Fanon
- Peau noire, masques blancs, éditions du Seuil, 1952. Version numérisée : cliquez-ici
- Les damnés de la terre, 1961, rééd. La Découverte 2002. Version numérisée : cliquez-ici
- Pour la révolution africaine, éd. Maspéro, 1964 rééd. 1979. Version numérisée : cliquez-ici
- L’an V de la révolution algérienne, 1959 réédité en 1966 sous le titre "Sociologie d’une révolution". Version numérisée : cliquez-ici
Ouvrages et ressources sur Frantz Fanon
- Alice Cherki, Frantz Fanon. Portrait, Seuil, 2000
- David Macey, Frantz Fanon, une vie, la Découverte, 2011
- Joby Fanon, Frantz Fanon. De la Martinique à l'Algérie et à l'Afrique, L'Harmattan, 2004.
- Mathieu Anne, Frantz Fanon, La négritude et l'émancipation, Le Monde diplomatique, 3/2009 (n°660), p. 31-31.
Retrouvez sur Manioc :
- Frantz Fanon et les Antilles - L'empreinte d'une pensée André Lucrèce, Manioc 2011.
- Une relecture de la polémique Fanon / Mannoni, psychologues de la colonisation Bruno Viard, Manioc 2013.
Bonne lecture !