Hommage à Derek Walcott. Le prix Nobel de la littérature de la Caraïbe s'en est allé...
Né le 23 janvier 1930 à Sainte-Lucie, orphelin de père à l'âge d'un an, Derek, son frère jumeau et sa sœur sont élevés par sa mère Alix.
Après une licence d'anglais, latin et français à l'University College de la Jamaïque, il bénéficie de la bourse Rockefeller (1958) qui lui permet d'aller à New York étudier le théâtre. Lors de son séjour, le jeune Derek découvre la comédie musicale, ainsi que les genres dramatiques chinois et japonais.
À son retour, il fonde en 1959, le Trinidad Theatre Workshop qu'il dirige jusqu'en 1976, dans le but de former des acteurs capables aussi bien de « jouer du Shakespeare que de chanter du calypso ». Avec cette troupe, il met en scène les classiques mais aussi ses propres pièces comme Dream on Monkey Mountain (1970), Rêve sur la montagne au singe et Ti-Jean and his Brothers (1970). Dans ses pièces, il mélange le folklore et les contes populaires créoles. En 1950, Derek Walcott crée sa première pièce Henri Christophe, qui met en scène le premier roi noir du Nouveau Monde. Le théâtre de Walcott trouve également sa source dans la comédie musicale avec The Joker of Seville (1978).
Parallèlement à sa production dramatique, Walcott a toujours écrit des poèmes. Dès l'âge de 19 ans, il se fait remarquer par ses recueils poétiques tels que : Poems et Epitaph for the Young (1948), 25 Poems (1949), In a Green Night (1962), The Castaway (1965) ou The Gulf (1969). Ses thèmes principaux sont la solitude, l'exclusion sociale, l'humain ainsi que la condition du poète dans le monde, les relations entre les Noirs et les Blancs, les colonisés et les colonisateurs ... Depuis la fin des années 70, Walcott est professeur de littérature aux Etats-Unis. Il a enseigné à Yale, à Harvard et à la Boston University.
En 1990, il publie Omeros, un poème épique aux accents homériques, qu'on a souvent comparé à l'Iliade, traité à la manière Caraïbe. En 1992, Derek Walcott, reçoit le prix Nobel de littérature. Il fut le deuxième auteur noir, après le nigérian Wole Soyinka, à recevoir cette récompense.
« Break a vase, and the love that reassembles the fragments is stronger than that love which took its symmetry for granted when it was whole. »
« Break a vase, and the love that reassembles the fragments is stronger than that love which took its symmetry for granted when it was whole. »
Le célèbre discours du prix Nobel The Antilles: Fragments of Epic Memory, invite, sur les ruines de l'esclavage et de la colonisation, à réinventer un imaginaire de la Caraïbe, autour de la capacité à « performer » ensemble, avec la diversité des mémoires sociales, avec un contexte, un environnement urbain, naturel (...), pleinement participant à l'oeuvre collective. Rassembler les fragments, créer pour réhabiliter les connexions passées et présentes... Ce discours, comme l'ensemble de son oeuvre, inspire l'action de nombreux intellectuels, artistes et professionnels de la Caraïbe. On peut l'associer à la genèse de la bibliothèque numérique Manioc, que nous avons d'ailleurs eu la chance de présenter à Sainte-Lucie, en sa présence en janvier 2016.
Sur Manioc
- Dominique Aurélia, La poétique du paysage chez Derek Walcott, Manioc 2010.
- Graciela Esther Maglia, Rol estructurador del paisaje en caribe poscolonial : poéticas de Edouard Glissant y Derek Walcott, Manioc 2010.
- Malik Noel-Ferdinand et Fabienne Viala, "Table 4 : importance politique et esthétique du carnaval à Trinidad dans la pièce "Drums and colors" de Derek Walcott", Manioc 2015.
- Frédéric Lefrançois, L'envers du décor : rhétorique visionnaire et instrumentalisation politique dans l'art dramatique de Derek Walcott, Manioc 2015.
- La médiathèque Caraïbe, Conférence Caraïbe Derek Walcott (28 novembre 2008).
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Bonne lecture !