billets

La Guyane et la Révolution française #2. - La déportation de Billaut-Varenne et de Collot-d'Herbois en 1795

Jessica Pierre-Louis
15 juillet 2019
1789-1799, la Révolution française marque un tournant de l'histoire bien au-delà du royaume de France. Dans les colonies, l'organisation de la société autour de l'esclavage et du préjugé de couleur amène à penser différemment l'application des principes de liberté et d'égalité. Des mouvements insurrectionnels contribuent à la première déclaration de l’abolition de l'esclavage en 1794 et à l'installation pas toujours facile de nouvelles institutions. Mais cette période se caractérise aussi par une politique de répression en France qui conduit à la déportation des plus violents révolutionnaires de l'an III comme de leurs principaux opposants (les « royalistes » et prêtres réfractaires) de l'an V en Guyane.  Dans ce second épisode, Manioc s'intéresse aux déportés politiques de l'an III (1795) 
Carte de la Guiane française et Hollandaise
Carte de la Guiane française et hollandaise et carte de l'embouchure de la rivière Sinamary
Billaud Varennes

 

Quelque temps après les débuts de la Révolution, il ne s'agit plus d'exiler des hommes en les obligeant à quitter la Guyane, mais bien d'y amener les révolutionnaires français, gênants à Paris.
Jacques-Nicolas Billaut-Varenne et Collot-d'Herbois étaient des députés montagnards. Leurs prises de position étaient parmi les plus virulentes des révolutionnaires. Ils étaient des partisans du régime de la terreur de Robespierre ce qui leur valut à l'époque le qualificatif de « terroristes ». Peu après la chute de Robespierre, ils furent déclarés complices de ce dernier et condamnés  à la déportation en Guyane en vertu du décret du 12 germinal an III (1er avril 1795). Collot-d'Herbois mourut l'année suivant sa déportation, en 1796. Mais Billaut-Varenne survécut et rédigea ses mémoires. Publié en 1893, Billaud Varenne, membre du Comité de salut public : mémoires inédits et correspondance accompagnés de notices biographiques sur Billaud Varenne et Collot-d'Herbois : précédés de deux portraits relate son histoire. 

À partir de mémoires et de lettres, le texte évoque la traversée, l'emprisonnement à Cayenne puis à Sinnamary. Après 4 ans d'emprisonnement, Billaut-Varenne est libéré, mais, fidèle à son idée de la République, il refuse de rentrer en France. Il devient alors agriculteur en Guyane. Il évoque à son père ses difficultés, sa rencontre avec une « négresse Brigitte, dite Virginie, créole de Guadeloupe », sa ménagère pendant huit ans, qu'il achète et affranchit suite au rétablissement de l'esclavage. L'ennemi politique de la monarchie reste en Guyane jusqu'en 1816, il quitte alors le territoire précipitamment pour fuir l'instauration de la Restauration ; il s'installe finalement avec Virginie à Haïti, où il meurt en 1819.

Si pendant la période révolutionnaire, Billaud-Varenne fut le premier déporté politique en Guyane avec Collot-d'Herbois, il ne fut pas le dernier. Ainsi, pendant sa période d'emprisonnement à Sinnamary, Billaud-Varenne dut cohabiter avec ses ennemis politiques, car au gré des confrontations, ce fut cette fois, ceux que l'on craignait trop favorables à la monarchie qui furent envoyés en Guyane comme vous pourrez le découvrir dans l' épisode #3  Les 328 déportés politiques de l'an V.

Document ancien

 

Retrouvez tous les épisodes de cette série sur la Guyane et la Révolution française  

Laisser un commentaire

champs obligatoires *