Le bagne : Albert Londres, mais pas que...
D'Albert Londres, on connait le prix qui, depuis 1933 honore et récompense le meilleur reportage réalisé l'année précédant la remise par un journaliste de la presse écrite âgé de moins de 40 ans. Selon le même critère visant à encourager de jeunes talents plutôt qu'à couronner des carrières bien nourries, la distinction s'est doublée en 1985 d'un prix Albert Londres dédié à la presse audiovisuelle. D'Albert Londres, homme de terrain par excellence, on connaît aussi la définition aux accents précurseurs et au verbe cinglant qu'il donna du journalisme :
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »
C'est dans la plaie coloniale qu'il choisit, en 1923, de porter la plume de son premier grand reportage. Au bagne, réalisé en Guyane pour le Petit Parisien, est un modèle du genre. Émaillé de portraits de bagnards et de représentants de l'autorité enfermés dans un huis clos oppressant, décrivant des lieux terribles, des situations d'arbitraire, des conditions de vie (et de mort) insupportables à toute conscience démocratique que la France républicaine préférait ne pas voir, ce reportage eut un tel effet sur l'opinion que le gouvernement de l'époque prit des mesures qui aboutirent quelques années plus tard (bien plus tard seulement...) à la suppression du bagne de Guyane. Dans sa « Lettre ouverte à Monsieur le Ministre des Colonies », qui clôt son enquête, Londres n'en demandait d'ailleurs pas tant. Interpellant le pouvoir -« J'ai fini, au gouvernement de commencer » -, le journaliste se borne à proposer des pistes d'amélioration -« un chambardement général, non des réformes »-, comme la rétribution du travail des bagnards, de meilleures conditions sanitaires ou la suppression du doublage (obligation de rester une fois la peine accomplie). Mais la cause était entendue.
S'il constitue l'un des témoignages les plus connus et les plus décisifs de la littérature sur le bagne de Guyane (en dehors des écrits de certains bagnards eux-mêmes), le travail d'Albert Londres n'est pas le seul que Manioc mette à votre disposition sur l'histoire des bagnes de la France métropolitaine et d'outre-mer. Nous vous invitons à lire également :
Bagne (1937).
Système pénitentiaire : le bagne, la prison cellulaire, la déportation (1853)
Ce qu'il faut connaître du bagne (1930)
Les bagnes : histoire, types, murs, mystères (1845)
Parmi toutes ces ressources numérisées provenant pour la grande majorité des collections de la bibliothèque départementale de Guyane Alexandre-Franconie, une mention particulière pour Le calvaire d'un innocent (1931-1933), consacré au martyre du capitaine Dreyfus à l'île du Diable, où comment le drame d'un homme et d'un pays fut élevé, illustrations à l'appui, au rang de roman populaire à succès... Manioc vous donne l'accès à l'intégralité des 162 fascicules.