« Chasseur nègre, armé », gravure tirée de John Gabriel Stedman, Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane, Paris, 1799 (source : Manioc). Domaine public

Le marronnage en Guyane

Guyane

XVIIIe - XIXe siècle

La Guyane en raison de sa topographie est un lieu privilégié du marronnage. On dispose de peu de sources sur le marronnage, les connaissances sont donc assez partielles. Néanmoins certaines dates et noms ressortent dans la pratique du marronnage en Guyane. Parmi les  noms de figures leaders du marronnage guyanais, on relève celui de Simon Frossard, Pompée, Lenval. Le marronnage est en général sévèrement puni pour dissuader les autres et servir d’exemple, comme en témoigne la décapitation de Simon Frossard dont les membres ont été exposés à Cayenne. Toutefois, il pouvait y avoir des exceptions comme cela a été le cas pour Pompée qui a été gracié par le gouverneur Laussat. Ces chefs marrons faisaient figures de héros aux yeux des autres esclaves, comme l’illustre l’exemple de Lenval que l’esclave, chargé de son exécution, a refusé de tuer en déclarant préférer mourir plutôt que de commettre ce geste.


Plusieurs épisodes de marronnages ont lieu au XVIIIe siècle. Les Noirs marrons viennent souvent des mêmes habitations et se concentrent dans des espaces géographiques particuliers. On les retrouve principalement dans les zones forestières et fluviales du Comté, de Tonnégrande, de l'Oyapock, de l’Approuague, de Kourou. Parmi eux, on retrouve également des Noirs marrons venant du Suriname voisin. La vie dans les camps marrons est organisée et basée sur l’entraide et la solidarité. On y développe des cultures vivrières et on y pratique la chasse et la pêche pour se nourrir. Les Noirs marrons se rendent aussi parfois sur les habitations afin de se ravitailler.


Face à la multiplication de camps de marrons, Victor Hughes est envoyé en Guyane en 1800 pour « rétablir l’ordre », le consulat jugeant que la colonie guyanaise est dans un état « déplorable ». Après avoir porté le premier décret d’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, Victor Hughes a désormais pour mission de rétablir l’esclavage progressivement en Guyane « sans acte ostensible et sans proclamation ». Il met en place une sévère politique militaire. Il ordonne l’institution d’une milice nationale et procède à la révision de tous les affranchissements. Le nombre d’esclaves augmente de 1 300 sous sa gouvernance et le nombre de Blancs libres diminue. Beaucoup de chasseurs de marrons sont également recrutés durant sa mandature parmi les Blancs, les Amérindiens et les Noirs esclaves ou « libres de couleurs ». Cette fonction, qui existe depuis 1767, permet pour ceux qui l’exercent l’obtention de gratifications voire d’affranchissements. Les camps de marrons rasés par les chasseurs deviennent alors des camps de détachement militaire. 

Date de publication : 18 mars 2024
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