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Un gazetier de Hollande... Heurs et malheurs des journalistes sous tous les régimes...

Patrick Odent-Allet
22 novembre 2016
Évidemment, un titre pareil ne peut que piquer la curiosité des lecteurs de Manioc. Quoi, la chronique politique du moment s'invite donc désormais dans les pages de ce blog ? Et c'est sans la moindre vergogne qu'on s'autorise à évoquer, au détour d'une image tendancieuse, les rapports entre les journalistes d'un quotidien du soir et un chef d'Etat en exercice à la verbosité incontrôlable...?
Dessin représentant le gazetier sortant d'un cachot
Photo Manioc tirée de Les bagnes : histoires, types, murs , mystères, 1845

Brisons là : vous n'y êtes pas du tout ! Le « Gazetier de Hollande », comme est titrée cette image, n'est pas une allégorie de « Un président ne devrait pas dire ça...», ce récent succès éditorial fracassant (2016), même si ici les bonnes manières apparentes et les hauts plafonds voûtés peuvent rappeler les connivences de palais entre puissants et faiseurs d'opinion...

 

La réalité est bien plus cruelle pour ce journaliste (gazetier, à l’époque) qu'on voit ici extrait d'un cachot situé dans la forteresse du Mont Saint-Michel. La scène, dit-on, se passe sous le règne de Louis XIV, et ce journaliste hollandais était l'auteur d'écrits politiques si impertinents et pleins d'esprit critique contre le roi de France que ce dernier, souverainement agacé, finit, au mépris des frontières, par le faire embastiller d'autorité dans ce charmant coin de Normandie. Le sort de cet infortuné est même comparé à celui du fameux homme au masque de fer, ce prisonnier jamais identifié, victime de l'absolutisme royal et de ses fameuses lettres de cachet.

 

L'histoire reçoit quelques précisions factuelles, rapportées dans « Les gazettes de Hollande et la presse clandestine aux 17è et 18è siècles » : cet homme, pamphlétaire de son état, a bien été capturé mais en 1745, sous Louis XV. Français publiant en Hollande, il connut effectivement les rigueurs du Mont Saint-Michel pour avoir commis des écrits déplaisant aux puissants. Dans l'un des ses livres, il ose ainsi affirmer : « On ne trouvera point chez [lui] cette basse partialité qui dégrade les ouvrages de ce genre. » Un pamphlétaire ne devrait pas dire ça...

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