Les zones de tolérance à Cuba sous la république : l’enfermement réel et symbolique des femmes publiques Auteur(s) : Moreau-Lebert, Mélanie Éditeur(s) : Université des Antilles Études caribéennes Résumé : La prostitution est une problématique très intéressante d’une part parce qu’elle est transversale à tous les temps, à toutes les classes sociales, à tous les espaces, et d’autre part parce qu’il s’agit d’un fléau qui se conjugue le plus souvent au féminin. Il s’agit à mon sens du versant spécifique d’une problématique universelle dont personne ne peut s’affranchir sans mettre en jeu l’ensemble de la condition humaine. En effet, la prostitution est le lieu où convergent et se concentrent de façon exacerbée tous les maux d’une société. La femme est malgré elle au centre de ce système dans lequel on retrouve les frustrations, les rapports de domination, de pouvoir, la violence, la misère, la corruption, l’aliénation… La prostitution, tout comme le concept de genre, est une construction sociale, dans laquelle les femmes sont enfermées réellement et symboliquement.D’autre part, si les maux d’une société sont décuplés dans le système de la prostitution, nulle part ailleurs n’existe un tel abîme entre fantasme et réalité. C’est le lieu des fausses représentations et des euphémismes comme le montrent ces deux expressions édulcorées « zones de tolérance » et « femmes publiques ». A Cuba, malgré les tentatives d’éradication de la prostitution dans les premières décennies qui suivirent le triomphe de la Révolution de 1959, la chute du bloc soviétique et la période de pénurie qui s’ensuivit donnèrent lieu à un retour de cette prostitution, sous de nouvelles formes qui persistent aujourd’hui. Cependant, il fut une époque, celle de la première République (1902-1958) durant laquelle Cuba, rongée par un système néocolonial, connût une recrudescence de ce phénomène, dans des proportions jamais égalées. Une époque somme toute récente où les zones de tolérance, espaces où étaient regroupées les maisons closes, occupaient une grande partie de La Havane coloniale ainsi que des quartiers entiers à travers l’île. A l’intérieur de ces zones très lucratives dont profitaient à la fois les proxénètes, policiers, politiques et hommes d’affaires, les femmes cubaines, mais également, dans une grande proportion des Françaises victimes de la traite des Blanches, se trouvaient au cœur d’un système qui étaient à lui seul le symptôme de la frustration néocoloniale, mais également de l’exacerbation du patriarcat.Cette problématique, on ne peut plus actuelle, convoque la pluridisciplinarité, c’est pourquoi j’ai eu recours à des témoignages de prostituées depuis le début du siècle jusqu’à la Révolution, recueillis et publiés à Cuba. Je me suis penchée sur les différents discours sur la prostitution de l’époque, discours politiques et féministes. Les rapports de police, les plaintes déposées par des femmes, les comptes rendus de procès, et les descriptions des médecins-hygiénistes sont autant de sources qui viennent corroborer les témoignages. The republican era in Cuba is a complex and difficult one for the Cuban population. 1898 remains engraved in people’s memories as being a time of great disillusion for a population who, having freed itself from Spanish colonial domination, was deprived of independence by the United States of America. Three years of American intervention sufficed to put power bases into place, guarantee maximal exploitation conditions and organize the legal framework of the American domination over Cuba by means of the Platt Amendment in 1901. The protectorate set up by the United States, followed by a neocolonial system in 1934, relies upon the collaboration of presidents and corrupt governments succeeding each other in power. Corruption, nepotism and violence are put in place in a society in which inequality is dramatically worsening and all moral values are disintegrating. In this context and in a Cuban society governed with patriarchal rules, women are the first victims of the system. After the wars of independence, the only options they have are marriage, work or prostitution. Legitimate marriage is only available to a privileged few. With regards to employment, only 9.8% of women have the opportunity to work and this percentage didn’t change until 1959. It was at this time that prostitution reached unprecedented levels. It wasn’t just the case of a few marginalized women but of thousands of mothers, wives, widows and working women who were trapped in this alienating condition, forced to sell their bodies. Legislation and violence are used to control and restrict the work space for prostitutes, removing these ‘streetwalkers’ from the public eye, grouping them together in tolerance zones with very strict rules, which are in reality in the hands of Cuban and French procurers, and subjecting them to constant inspections carried out by hygienists who physically and symbolically assault women’s bodies. What is more, speeches about prostitution, whether made by politicians, feminists, journalists, doctors or mere observers, contribute significantly to a certain representation of these women. While debates about prostitution have recently shaken public opinion, this work refers back to an episode of Cuba’s history which brings us to reflect upon the evolution of the phenomenon and on its protean nature. Cuba Droits : info:eu-repo/semantics/openAccess urn:doi:10.4000/etudescaribeennes.6945 http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/6945 | Partager |
Dare to “Decolonising the mind”:Meeting around the Thought of Ngugi wa Thiong'o ; Osez « décoloniser l’esprit » : Rencontre autour de l’œuvre de Ngugi wa Thiong’o Auteur(s) : Dehoorne, Olivier Theng, Sopheap Auteurs secondaires : Lieux, Identités, eSpaces, Activités (LISA) ; Université Pascal Paoli (UPP) - Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) Centre de Recherche en Economie, Gestion, Modélisation et Informatique Appliquée (CEREGMIA) ; Université des Antilles et de la Guyane (UAG) Biodiversité, Risques Écologiques dans les Territoires Caraïbes Insulaires (BIORECA - UMR ESPECE DEV) ; Université des Antilles (Pôle Martinique) ; Université des Antilles (UA) - Université des Antilles (UA) Éditeur(s) : HAL CCSD Université des Antilles Résumé : International audience The aim of this article is to propose the basis for an open reflection on the sources of colonization through the literary approach proposed by Ngugi. In this context, it has been repetitively noted that the relations between Colonized and Colonizer (Memmi) are tenacious in our nature and everyday ways of thinking. And, contradictorily, the term "colonization" seems to evoke the days of yore, already accomplished, in our minds - one of the closed chapters in history - while the colonial-type armed conflicts and the process of recolonization have burst out again by the beginning of XXI century. Conquering the African resources, then to chase with all haste - using many stratagems - the least conciliatory leaders! The colonization is a process of the politico-economic exploitation that requires a mind control, of both the colonized and the colonizers. L’objectif de cet article est de proposer les bases d’une réflexion ouverte sur les ressorts de la colonisation à travers la démarche littéraire proposée par Ngugi. Dans le prolongement de sa réflexion, il s’agit de rappeler que les rapports colonisé-colonisateur (Memmi) sont fortement ancrés dans nos logiques et raisonnements ordinaires du quotidien. Et, paradoxalement, alors que le terme de colonisation semble évoquer dans nos consciences un lointain passé, révolu – l’un des dossiers clos de l’histoire -, les guerres de type colonial et les processus de recolonialisation se précipitent en ce début de XXIème siècle. Haro sur les ressources du continent africain et qu’on chasse au plus vite -sous moult habillages- les dirigeants les moins conciliants! La colonisation est un processus d’exploitation politico-économique qui nécessite de contrôler les esprits, du colonisé comme du colonisateur. ISSN: 1779-0980 Droits : http://creativecommons.org/licenses/by-nc/ hal-01368530 https://hal.univ-antilles.fr/hal-01368530 https://hal.univ-antilles.fr/hal-01368530/document https://hal.univ-antilles.fr/hal-01368530/file/osez-decoloniser-l-esprit-rencontre-autour-de-l-ouvre-de-ngugi-wa-thiong-o.pdf | Partager |
Osez « décoloniser l’esprit » : Rencontre autour de l’œuvre de Ngugi wa Thiong’o Auteur(s) : Dehoorne, Olivier Theng, Sopheap Éditeur(s) : Université des Antilles Études caribéennes Résumé : L’objectif de cet article est de proposer les bases d’une réflexion ouverte sur les ressorts de la colonisation à travers la démarche littéraire proposée par Ngugi. Dans le prolongement de sa réflexion, il s’agit de rappeler que les rapports colonisé-colonisateur (Memmi) sont fortement ancrés dans nos logiques et raisonnements ordinaires du quotidien. Et, paradoxalement, alors que le terme de colonisation semble évoquer dans nos consciences un lointain passé, révolu — l’un des dossiers clos de l’histoire —, les guerres de type colonial et les processus de recolonialisation se précipitent en ce début de XXIe siècle. Haro sur les ressources du continent africain et qu’on chasse au plus vite — sous moult habillages — les dirigeants les moins conciliants ! La colonisation est un processus d’exploitation politico-économique qui nécessite de contrôler les esprits, du colonisé comme du colonisateur. The aim of this article is to propose the basis for an open reflection on the sources of colonization through the literary approach proposed by Ngugi. In this context, it has been repetitively noted that the relations between Colonized and Colonizer (Memmi) are tenacious in our nature and everyday ways of thinking. And, contradictorily, the term "colonization" seems to evoke the days of yore, already accomplished, in our minds - one of the closed chapters in history - while the colonial-type armed conflicts and the process of recolonization have burst out again by the beginning of XXI century. Conquering the African resources, then to chase with all haste - using many stratagems - the least conciliatory leaders! The colonization is a process of the politico-economic exploitation that requires a mind control, of both the colonized and the colonizers. Afrique Droits : info:eu-repo/semantics/openAccess urn:doi:10.4000/etudescaribeennes.5497 http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/5497 | Partager |
Intractable Social-Economic Problems of Martinique Auteur(s) : Wong, Alfred Gomes, Roxanne Éditeur(s) : Université des Antilles Études caribéennes Résumé : There is substantial social unrest underlying the prevailing neocolonial political and societal structure in Martinique. It is burdened with chronic high rate of unemployment rate and continuing rising cost of imported food and other basic necessities of life. Banana is the foremost plantation crop grown in Martinique. There is also an ecological disaster arising from the widespread use of carcinogenic chlordecone for controlling banana pests for more than 3 decades. Although this practice had stopped in 2003, the recalcitrant pesticide remained largely in the soil. The challenge to create meaningful new jobs under these social-economic and environmental constraints is thus formidable. C’est sous le prisme de la structure politique et sociale néocoloniale qu’il convient d’appréhender l'importante agitation sociale de la Martinique. L’île est marquée par un taux élevé et dépend d’importations alimentaires et autres dont les prix ne cessent d’augmenter. La banane, culture de plantation qui a structuré les logiques économiques de la Martinique, est à l’origine d’une catastrophe écologique en raison de l'utilisation généralisée de chlordécone cancérogène pour lutter contre les parasites pendant plus de trois décennies. Bien que cette pratique ait cessé en 2003, le pesticide récalcitrant est resté en grande partie dans le sol. Le défi est de créer de nouveaux emplois, intéressants, dans ce contexte marqué par de lourdes contraintes socio-économiques et environnementaux. Martinique Droits : info:eu-repo/semantics/openAccess urn:doi:10.4000/etudescaribeennes.6073 http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/6073 | Partager |