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Focus Manioc : Le comte François Barbé de Marbois (1745-1837), un grand commis d'État de l'Ancien Régime à la Restauration

Xavier Hug
27 février 2018
En feuilletant nos nouvelles acquisitions en ouvrages numérisés, nous tombons sur plus d'une vingtaine d'ouvrages d'un certain François Barbé de Marbois. Né en 1745 dans une famille d'hommes de loi et de la vieille bourgeoisie lorraine, le comte Barbé de Marbois poursuivit une carrière de grand commis au service de la puissance publique pour quatre régimes successifs : l'Ancien Régime, la Révolution, l'Empire et la Restauration. Un exploit que peu ont accompli - on évoque souvent Talleyrand, tant la période était prompte à destituer les notables de la veille.
François Barbé de Marbois
Marquis de Barbé de Marbois
François Barbé de Marbois
Marquis de Barbé de Marbois

 

Par la protection du marquis de Castries, ministre de la Marine, le comte Barbé de Marbois se voit ouvrir à lui les portes d'une brillante carrière et de la noblesse. Il entre dans la diplomatie comme attaché de légation (1768 -1779), puis chargé d'affaires dans les états allemands. C'est au cours de son séjour aux États-Unis où il officie comme consul, qu'il épouse Elizabeth, la fille d'un ami, M. William Moore, banquier et président du Conseil exécutif de Pennsylvanie.

Grâce à son réseau d'ami haut placé (en plus du marquis de Castries on trouve le marquis La Luzerne, alors ministre de la Marine et des Colonies sous Louis XVI) Barbé de Marbois obtient, en 1785, la charge d'intendant général de Saint-Domingue, un poste colonial clé qu'il occupera jusqu'au tout début des troubles révolutionnaires de 1789. Voici ce qu'en dit une source Manioc (Justin Chrysostome Dorsainvil, Manuel d'histoire d'Haïti, Port-au-Prince : Procure des Frères de l'Instruction Chrétienne, 1934, p.61) :

L'Intendant, Barbé de Marbois, était un homme énergique, remarquablement doué, et qui, par son esprit d'ordre et sa fermeté, avait relevé, en moins de quatre ans, les finances de la colonie. En d'autres circonstances, il aurait pu contenir et endiguer les éléments de révolution ; mais il fut mollement soutenu par la métropole.En octobre 1789, menacé dans sa vie par la jeunesse révoltée du Cap (on ne lui pardonnait pas la suppression, en 1787, du Conseil supérieur de cette ville), comprenant que la faiblesse du nouveau gouverneur rendait toute résistance impossible, il s'embarqua pour la France avec plusieurs officiers, ses amis, écœurés comme lui du désordre naissant.

Prévenu qu'il courait un risque d'emprisonnement, il quitte l'île en transitant par l'Amérique du Nord. À son retour en France, il est réintégré aux Affaires étrangères mais il échoue dans sa mission à Ratisbonne et Vienne pour tenter de neutraliser l'activisme des Girondins. S'il réchappe des rigueurs de la Terreur depuis ses terres où il s'est fait discret, suite au coup d'État du 18 fructidor (4 septembre 1797) il est déporté à Sinnamary en Guyane. De cet épisode douloureux, il tirera un journal riche en descriptions et informations sur la colonie pénitentiaire. Ce trésor documentaire fait du comte un célèbre prédécesseur du capitaine Dreyfus. Il y connaît un destin étonnant. Il réchappe de la maladie qui décime les déportés un à un avant de se voir autoriser par le nouvel administrateur à vivre à Cayenne. À la suite d'émeutes il se retrouve propulsé à la tête de la colonie. Grâce à ses vives protestations et les multiples démarches de sa femme, il est autorisé à rentrer en France après le coup d'État du 18 brumaire.

Après quoi, il repart dès 1803 outre-Atlantique pour négocier le traité de cession de la Louisiane, cet immense territoire vendu aux récents États-Unis par Napoléon Ier pour financer ses guerres européennes. Son expérience et sa réputation lui permettent d'accéder ensuite à la direction du ministère du Trésor avant d'être nommé par Napoléon premier président de la Cour des comptes, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite tardive des affaires publiques en 1833, à l'âge avancé de 89 ans. Il meurt à Paris trois ans plus tard.

Carte de la Louisiane et pays voisins

 

 

 

Sur Manioc :

L'oeuvre de François Barbé de Marbois aux colonies d'Amérique :

 

Sur la vie des déportés conventionnels et leur projet d'évasion de Sinnamary :

 

Sur l'oeuvre de François Barbé de Marbois au cours de sa déportation en Guyane :

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