Tumuc-Humac : la légende... Du mythe à la réalité...
« Tumuc-Humac » (tucucumaque ou tucumaque selon les récits), est un nom mythique qui a attiré les explorateurs du XIXe siècle, cherchant jusqu’à leur mort cette chaîne de montagnes censée marquer la frontière entre le Brésil et la Guyane française. Cette chaîne montagneuse s’est progressivement révélée être une pure création de l’imagination des explorateurs. Elle a d’ailleurs été mentionnée sous différents noms et dans des lieux différents, se baladant sur les cartes, entre le Surinam, la Guyane française et le Brésil. A cette époque, les informations sur cette région étaient si rares, que la légende est restée vive jusqu'au milieu du XXe siècle.
Ce n’est qu’en 1997 que le nom de « Tumuc Humac » sera définitivement supprimé des cartes IGN. Ces montagnes ont fasciné des générations de voyageurs et d'explorateurs, devenant le symbole de l'inconnu et de l’inaccessible.
C’est l’explorateur Jules Crevaux (1847-1882) qui a vulgarisé cette légende à la fin du XIXe siècle. Il y mourra 3 ans plus tard, après avoir escaladé de nombreux inselbergs de la région en espérant y apercevoir les hauts sommets recherchés. En effet, sa quatrième et dernière expédition (l'expédition le Gran Chaco 1882-1887) le conduisit à Tarija, en Bolivie, pour y rejoindre le Rio Pilcomayo. Il s’agissait pour lui d’explorer le fleuve Pilcomayo jusqu’à sa confluence avec le Paraguay et de rejoindre Buenos Aires par le Parana. Lui et son équipe (composée de 17 hommes) tombèrent dans un guet-apens préparé par les Indiens Tobas. Un seul membre de l'expédition eut la vie sauve : un jeune indien prénommé Zéballos. Celui-ci raconta que les Tobas tuèrent Crevaux et ses hommes et les mangèrent selon leurs coutumes.
Cette légende se poursuivit avec un autre grand explorateur de la Guyane : Henri Coudreau (1859-1899). Passionné par les récits de Jules Crevaux, il passera sa vie à explorer les Tumuc-Humac et les montagnes imaginaires, à l'aide des cartes de Crevaux. A la fin des années 1880, l’explorateur français tente de cartographier la région en rejoignant la source de l’Oyapock depuis la source du Maroni.
Pourtant, alors que ce mythe des monts Tumuc-Humac a été démonté il y a plus d’un demi-siècle, de petites expéditions amateurs continuent de s’aventurer sur les traces de ces deux explorateurs.
Ouvrages numérisés :
- Jules Crevaux, Voyage d'exploration dans l'intérieur des Guyanes : 1876-1877, Paris, Hachette, 1879, 416 pages.
- Jules Crevaux, Fleuves de l'Amérique du sud : 1877-1879, Paris, Société de Géographie, 1883, 132 pages.
- Jules Crevaux, W. Fraise, Adolf Erik Nordenskjöld, Gabriel Gravier Pamander, Bulletin de la société de Géographie, Paris, Société de Géographie, 1878, 480 pages.
- Georges Franck, Voyages et découvertes de J. Crevaux (notice biographique, relations de voyage), Paris, Picard et Kaan, 1844, 86 pages.
- Henri Coudreau, Études sur les Guyane françaises et l'Amazonie, Tome 1, Paris, Challamel Ainé, 1886, 436 pages.
- Henri Coudreau, Chez nos Indiens, quatre années dans la Guyane française (1887-1891), Paris, Hachette, 1893, 614 pages.
Pour aller plus loin :
- Sur Persée, le portail des revues scientifiques, retrouvez les articles suivants :
- Gabriel Marcel, L'apparition cartographique des monts Tumuc-Humac, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1898, Vol. 2, n°2, pp. 14-24.
- Jean Hurault, Une chaîne de montagnes imaginaire : les Tumuc-Humac, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1973, Vol. 60, n°219, pp.242-250.
- Sur la bibliothèque numérique Gallica, retrouvez plusieurs documents sur cette légende : cliquez-ici.
Bonne lecture !